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pour les classes lettrées n’entraînera pas la ruine des armées ; elle diminuera simplement le nombre des mauvais médecins, des mauvais avocats, des mauvais juges, des maîtres d’école ignorants et des charlatans de toute espèce. Cela est d’autant plus certain, que chaque acte de la vie de soldat exerce une influence démoralisante sur le futur lettré.

2o La première année d’Université, on suivra exclusivement les cours de la Faculté de philosophie, et on ne sera pas admis, avant la deuxième année, à suivre ceux des trois Facultés supérieures. Ensuite les théologiens devront leur consacrer deux années, les juristes trois, les médecins quatre. Par contre, dans les lycées, l’enseignement pourra rester limité aux langues anciennes, à l’histoire, aux mathématiques et au style allemand, et être d’autant plus solide particulièrement en ce qui concerne le grec et le latin. Seulement, comme le goût des mathématiques est un goût tout spécial, qui ne marche pas de pair avec les autres facultés d’un cerveau, qui n’a même rien de commun avec elles[1], il faudra, pour l’enseignement mathématique, classifier d’une façon toute spéciale les élèves. Ainsi, celui qui pour le reste fait partie de la classe d’élite, pourra suivre en mathématiques la troisième, sans affront pour lui, et vice versa. C’est par ce seul moyen que chacun peut, selon la mesure de ses forces dans cette science particulière, en apprendre quelque chose.

  1. W. Hamilton a publié à ce sujet, dans l’Edinburg Review de janvier 1836, à l’occasion d’un livre de Whewell, un bel article, qu’il a reproduit plus tard, en le signant, avec quelques autres études. Cet article a été traduit en allemand, l’année de son apparition, sous ce titre : Ueber den Wert und Unwert der Mathematik (Sur la valeur et la non-valeur des mathématiques.)