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gente et si forte de jugement, est dégradée aujourd’hui encore par la bigoterie et la tutelle cléricale les plus honteuses. Voilà pourquoi la physique et la zoologie françaises, si célèbres, manquent de l’appui et du contrôle d’une métaphysique suffisante et digne. Et l’on pourrait citer d’autres exemples. De ce grand désavantage en surgira bientôt un autre bien plus grand encore : la cessation de l’étude des langues anciennes. Est-ce que, dès maintenant, on ne les abandonne pas de plus en plus en France, et même en Allemagne ! Qu’entre 1830 et 1840 le Corpus juris ait déjà été traduit en allemand, c’était là un signe indéniable de l’entrée de l’ignorance à la base de toute érudition, — la langue latine, — c’est-à-dire de la barbarie. À présent les choses sont allées si loin, qu’on publie les auteurs grecs, et même latins, avec des notes en allemand, ce qui est une saleté et une infamie. Le véritable motif de la chose, quelque raison que puissent alléguer ces messieurs, c’est que les commentateurs ne savent plus écrire en latin, et que la chère jeunesse marche volontiers, à leurs côtés, dans la voie de la paresse, de l’ignorance et de la barbarie. Je m’étais attendu à voir les journaux littéraires fouailler comme il convient ce procédé. Mais quel n’a pas été mon étonnement, en constatant que, loin de le blâmer, on l’a trouvé absolument rationnel ! Cela prouve que les critiques sont, eux aussi, des gaillards ignorants, ou bien des compères des commentateurs ou de l’éditeur. Et l’abjection la plus rampante est complètement chez elle dans toute la littérature allemande.

Une vilenie spéciale, qui se risque de plus en plus audacieusement au jour, et que je dois encore prendre