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Les consonnes sont le squelette, et les voyelles la chair des mots. Celui-là est, dans l’individu, immuable ; celle-ci, très variable en couleur, nature et quantité. Voilà pourquoi les mots, à travers les siècles ou même en passant d’une langue dans une autre, conservent en somme très bien leurs consonnes, mais modifient facilement leurs voyelles. Aussi, dans l’étymologie, faut-il tenir bien plus compte de celles-là que de celles-ci.

Du mot superstitio on trouve des étymologies de toute sorte dans les Disquisitiones magicæ de Delrieu, livre I, chap. i, et de même dans les Institutiones theol. dogmaticæ de Wegscheider, Proleg., chap. i, § 5, d. Je soupçonne cependant qu’il faut chercher l’origine du mot dans ce que, dès le début, il a seulement désigné la croyance aux apparitions. Ainsi : « Defunctorum manes circumvagari, ergo mortuos adhuc superstites esse ».

Je veux espérer que je ne dis rien de nouveau, si je remarque que μορφά et forma sont le même mot et ont le même rapport que renes et Nieren, horse et Ross. De même, que parmi les ressemblances du grec avec l’allemand, une des plus importantes est que, dans tous deux, le superlatif est formé par st (— ιστος) ; tandis que ce n’est pas le cas en latin. — Je pourrais plutôt douter que l’on connaît déjà l’étymologie du mot « arm », qui vient de ἔρημος, eremus, en italien ermo ; car « arm » signifie : « où il n’y a rien », c’est-à-dire « vide ». (Jésus Sirach, XXI, 4 : ἐρημώσουσι, pour : appauvrir). — Par contre, on sait probablement que « Unterthan » vient du vieux anglais thane, vassal, mot qui reparaît fréquemment dans Macbeth. — Le mot allemand Luft vient du mot anglo-saxon, qui est