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n’a pas besoin, en effet, de savoir le chinois pour s’exprimer dans cette langue. Chacun le lit dans sa propre langue, comme nos chiffres, qui sont pour les idées de nombre ce que les signes écrits chinois sont pour toutes les idées ; les signes algébriques le sont même pour les idées abstraites de grandeur. Aussi, comme me l’a assuré un marchand de thé anglais qui était allé cinq fois en Chine, l’écriture chinoise est-elle, dans toutes les mers de l’Inde, le moyen commun d’entente entre les marchands des nations les plus diverses, qui ne savent aucune langue commune. Mon homme était même fermement convaincu que cette langue, à ce titre, s’étendrait un jour à travers le monde. J. F. Davis, dans son livre intitulé : The Chinese, chap. xv (Londres, 1836), est absolument du même avis.

Les verbes déponents sont la seule chose déraisonnable, même absurde, de la langue latine, et les verbes moyens de la langue grecque ne valent guère mieux.

Un défaut spécial du latin est que fieri représente le passif de facere. Ceci implique, et inocule à la raison étudiant la langue, la désastreuse erreur que tout ce qui est, au moins que tout ce qui est devenu, est terminé. En grec et en allemand, au contraire, γίγνεσθαι et « werden » ne sont pas regardés comme les passifs directs de ποιεῖν et « machen ». Je puis dire en grec : οὐκ ἔστι πᾶν γενόμενον ποιούμενον (tout ce qui est devenu n’est pas achevé), mais on ne pourrait traduire cela mot à mot en latin, comme on le peut en allemand : Nicht jedes Gewordene ist ein Gemachtes.