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en effet découler de fausses prémisses, mais pas l’inverse. De même, on peut détourner les faux arguments de l’adversaire par de faux arguments qu’il pense être vrais. Il faut utiliser son mode de pensée contre lui. Ainsi, s’il est membre d’une secte à laquelle nous n’appartenons pas, nous pouvons utiliser la doctrine de secte contre lui. Aristote, Topiques, VIII, 9.


Stratagème VI
Postuler ce qui n’a pas été prouvé

On fait une petitio principii en postulant ce qui n’a pas été prouvé, soit :

  1. en utilisant un autre nom, par exemple « bonne réputation » au lieu de « honneur », « vertu » au lieu de « virginité », etc. ou en utilisant des mots intervertibles comme « animaux à sang rouge » au lieu de « vertébrés » ;
  2. en faisant une affirmation générale couvrant ce dont il est question dans le débat : par exemple maintenir l’incertitude de la médecine en postulant l’incertitude de toute la connaissance humaine ;
  3. ou vice-versa, si deux choses découlent l’une de l’autre, et que l’une reste à prouver, on peut postuler l’autre ;
  4. si une proposition générale reste à prouver, on peut amener l’adversaire à admettre chaque point particulier. Ceci est l’inverse du deuxième cas.

Aristote, Topiques, VIII, 11.

Le dernier chapitre des Topiques contient de bonnes règles pour s’entraîner à la dialectique.


Stratagème VII
Atteindre le consensus par des questions

Si le débat est conduit de façon relativement stricte et formelle, et qu’il y a le désir d’arriver à un consensus clair, celui qui formule une proposition et veut la prouver peut s’opposer à son adversaire en posant des questions, afin de démontrer la vérité par ses admissions. Cette méthode érothématique (également appelée Socratique) était particulièrement en usage chez les Anciens, et quelques stratagèmes développés plus loin y sont associés (ceux-ci dérivent librement des Réfutations Sophistiques d’Aristote, chapitre 15).

L’idée est de poser beaucoup de questions à large portée en même temps, comme pour cacher ce que l’on désire faire admettre. On soumet ensuite rapidement l’argument découlant de ces admissions : ceux qui ne sont pas vif d’esprit ne pourront pas suivre avec précision le débat et ne remarqueront pas les erreurs ou oublis de la démonstration.