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VIII.

Où notre Émerance manque plusieurs fois le train.



Encore trois mois après.

Chez les Dumortier. C’est la nuit de Noël, une nuit poudrée de neige et de givre scintillant comme dans la vieille légende naïve. Le vent souffle en rafales et heurte de l’aile les vitres. Au coin du feu, dans cette salle à manger que nous connaissons si bien, Dumortier et sa femme, chacun dans un fauteuil, se font face. Ils ont beaucoup vieilli. Les cheveux de Monsieur Dumortier sont presque blancs.

Monsieur Dumortier (très triste). — Il y a deux ans à pareille date, un jour de Noël comme celui-ci, nous étions trois.

Madame Dumortier. — Tu penses toujours à « lui » ?

Monsieur. — C’est notre fils, Mélanie… et nous n’avions que celui-là. Tu vas servir les bouquettes et le vin chaud, et « il » ne sera pas là, autour de la vieille table de famille…