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IV.

Où Mademoiselle Émerance se dessine.



C’est une jolie journée printanière, vers la fin avril. Il y a réception chez les Ramelin.

Monsieur Bernard Ramelin, homme d’une exceptionnelle nullité, n’est qu’un jouet dans les mains de sa femme. Sa paresse naturelle s’accommode fort bien de cet état de choses qui lui permet de s’occuper de jardinage, art dans lequel il prétend être très versé, quoiqu’en vérité il y réussisse assez mal. Ce n’est pas sa faute, évidemment : c’est celle des règles.

Il possède hors la ville une petite fabriquette dans le coin d’un petit terrain. Là, trois ou quatre ouvrières mettent en boîtes des encaustiques, cirages et autres matières plus ou moins grasses.

Il paraît que cela rapporte.

Après un café d’amis, les « grandes personnes » sont installées dans la serre qui fait suite à la salle à manger, une serre avec un faux rocher dans les concavités duquel il y a des fougères en vif et des toiles d’araignées. Les messieurs fument le cigare et leurs épouses sont penchées sur des travaux de crochet.