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(À Émerance.) C’est la première fois que vous voyez Faust, mademoiselle ?

Madame Brayant. — Même que nous avons beaucoup hésité avant d’y conduire fifille…

Jean. — Vous avez hésité ?… Peut-être bien que vous n’aimez pas la musique de Gounod ?

Monsieur Brayant. — Nous avons, au contraire, toujours défendu cette œuvre magistrale, monsieur, car vous savez bien que Faust a été applaudi à Liège avant que d’être sifflé à Paris. Nous leur avons donné une leçon de bon goût, à vos Parisiens. Mais, quoique je défende l’œuvre, je dois avouer que je la trouve un peu leste pour des demoiselles. Mignon, passe encore, mais ce Faust

Madame Dumortier. — Jean ne peut comprendre ce qu’est une jeune fille, Monsieur Brayant. Il faut que vous l’excusiez.

Monsieur Brayant. — Ma femme, comme de juste, m’avait consulté, parce que je connais par cœur tous les bons auteurs. J’ai même vu, un jour, Monsieur Courteline qui prenait un verre au Café Vénitien, lors d’une « tournée », et j’ai osé me faire servir une chope à la table voisine de la sienne… Je vous avoue donc que j’ai beaucoup hésité. Il y a des scènes d’un scabreux…