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Monsieur. — Oui, tu dis vrai. Nous faisons plus que nos forces pour paraître. En juillet dernier, notre Hector est sorti de l’Athénée et c’est encore une idée à toi que nous avons eue de le faire entrer à l’Université en octobre, alors qu’il n’a jamais rien fait de bon dans ses moyennes et qu’il avait été un cancre dans ses primaires. Il n’est pas fait pour faire un étudiant, ce garçon-là.

Madame. — Évidemment, c’est un gros sacrifice que nous faisons, mais dont nous serons récompensés. Un étudiant se marie mieux ; et dès le mariage, nous le retirerons de l’établissement… On lui trouvera autre chose…

Monsieur. — Pourvu que cet événement arrive avant l’examen ; sinon, c’est encore cent francs que nous aurons à décaisser. À propos, tu crois que ça ira, l’affaire avec Mademoiselle Émerance ?

Madame. — Compte sur moi, puisque je m’en mêle… À la même heure, chez les Brayant, on est installé dans la cuisine. Deux harengs saurs rôtis sont dans la poêle et celle-ci est placée sur la table et sur une gazette pliée.

Madame. — Ce n’est plus le goûter de tantôt… N’est-ce pas, fifille ? Mais je ne regrette pas l’après-midi, car Émerance s’a si bien plu.