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l’on fasse de pareilles confessions ? Tu ne penses cependant pas à les tromper, nous ne sommes pas des gens comme cela !

Madame (grommelant). — Est-ce que tu sais ce qui cuit dans la marmite du pharmacien ?

Monsieur. — Non, mais ce que je sais, c’est que le diable seul habite le tiroir du ferblantier. Nous avons toujours vécu trop largement, en grands seigneurs…

Madame Dumortier saute comme si elle était montée sur ressorts. Son mari vient de la toucher à l’endroit sensible, elle qui prétend toujours que paraître vaut richesse.

Madame. — Voilà le grand mot lâché. Nous vivons en princes, ce qui signifie que c’est moi qui gaspille et qui te ruine avec mes extravagances. Dis donc ce que tu penses enfin, ce sera plus clair et plus courageux que tes sous-entendus. Je jette l’argent par les fenêtres !… Mais c’est avec ça que l’on attire le crédit, mon cher ami. Est-ce moi qui autorise notre fils à barbouiller des mètres et des mètres de toile ?… Est-ce moi qui convie Périel à venir vider notre cave ?… Voilà où nous gaspillons inutilement, sans bénéfice, puisque personne ne sait nos dépenses. Oh ! ce Périel ! si je le voyais soudain devant mes yeux, je ne sais qui me retiendrait de…

Un coup de sonnette l’interrompt. Jean vient d’ouvrir la