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Émerance (se retournant d’une pièce sur le tabouret mobile). — Maman ?

Madame Brayant. — Tousse un peu d’abord…

Hector. — Silence !

Ritournelle. On se tait brusquement. Madame Dumortier et Madame Ramelin écoutent trop religieusement pour être sincères. La seconde a le sourire béat et l’autre féroce. Chacune pense à son fils. Monsieur Ramelin contemple l’empeigne de ses bottines à élastiques. Monsieur Dumortier, le dos au calorifère, s’assoupit progressivement. Son fils Jean, près de la fenêtre, regarde au dehors, ne voulant pas rire. Madame Brayant lui lance parfois des regards menaçants. Monsieur Brayant, tout à la joie de produire « fifille », est au centre et en nage. Il bat la mesure du doigt, de la tête et du pied. Cet extraordinaire métronome possède de lourdes breloques d’or qui, elles aussi, battent la mesure sur son estomac.

Mademoiselle Emerance prélude. Elle possède un petit filet de voix. C’est peut-être un petit oiseau qui chante, mais le dit petit oiseau doit, en ce moment, souffrir horriblement de la mue.

Émerance (chantant) :

Les oiseaux sont tout petits.
Ils font leur ri pi pi pi
 Tui per tuich…
 Tui per tuich…
Voilà tout ce qu’l’oiseau dit.

Monsieur Brayant, (criant pendant la ritournelle). — En chœur… tous !… (Chantant.) Tui per tuich I… tui per tuich !…