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Monsieur. — Des bottines, pour rester à la maison… C’est quasiment faire accroire aux gens qu’il y a de la boue dans mon salon. Enfin, je mettrai des bottines, parce qu’il n’est pas de sacrifice que je ne veuille faire pour marier fifille.

Émerance (boudeuse). — Voilà encore papa qui recommence… Je vais me mettre à pleurer…

Monsieur (bon enfant). — Ta ta ta ! Je sais ce que je dis, et ta mère aussi. À dix-neuf ans, elle était déjà mariée, elle. Nous avons donc invité les Dumortier avec leur fils Jean, un pas grand’chose de peintre, mais dont le père a les pieds dans des bottes de foin ; et les Ramelin, avec leur fils Hector qui fera son beurre.

La voix de Madame (dans le corridor). — Mérance !

Monsieur. — Ta mère t’appelle…

Émerance (ouvrant la porte de l’allée). — Qu’est-ce que tu veux, maman ?

La voix. — Monte un peu en haut, fifille, pour nouer les floquets de mes bottines. Je ne puis pas… j’ai mis mon corset.

Il est trois heures. Monsieur Brayant, boudiné dans sa redingote de peigné bleu foncé, se frotte les mains gaillardement. Il a conscience de son Lucullus. Les Dumortier arrivent premiers. Papotages bruyants. Émerance, rouge