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I.

Où le lecteur fait connaissance
avec Émerance Brayant.


Chez le pharmacien Brayant. Un salon fort vieux jeu avec de bons meubles d’acajou plaqué. Un calorifère ancien modèle, en fonte noire, d’aspect monumental et récemment enduit d’une couche de vernis. Sur la tablette de la cheminée, entre deux portraits de famille — Madame Maria Brayant en robe de soie et Mademoiselle Émerance, sa fille, en « première communiante » — s’érige une pendule de zinc doré, sous globe de verre, où un « Socrate lisant » semble être en aquarium. La dite pendule est flanquée de deux candélabres de même métal, avec des bougies torses et des bobèches de papier frisé.

Le piano, un vieux « Berden » à la caisse orange, est ouvert et montre ses touches d’ivoire que l’humidité coutumière des lieux a jaunies. Les partitions sont éparses : La Prière d’une Vierge, Les Cloches du Monastère, Fraises au champagne et autres nouveautés de l’Ancien Régime. Présentons nos personnages.

Monsieur Antoine Brayant, le potard, est petit, gros, apoplectique, haut en couleurs, le menton rond et la calvitie avec la mèche rébarbative. Très content de lui, il est jovial et ne dédaigne pas, parfois, de sembler plaisanter.