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jaloux de vous ? Peut-être craint-il que je le soupçonne de vouloir me remplacer dans la maison ? Voulez-vous que je lui parle dès tantôt, à cœur ouvert ?

Pauline. — C’est si monotonment triste, la pension…

Jean. — Eh ! oui, je vous comprends, petite Pauline. Il vous semble, n’est-ce pas, que loin de votre mère, que la destinée mène d’un bout de l’Europe à l’autre perpétuellement, sans autre parent quelconque qui s’occupe encore de vous, qui consente à partager vos joies et peut-être aussi vos gros chagrins, vos très gros chagrins… il vous semble enfin que tout vous abandonne et que vous manquez déjà de but dans l’existence. Oh ! je connais cela. Chassé jadis de la maison paternelle parce que je m’entêtais à peindre, que je voulais suivre ma vocation, la voix de ma conscience, j’ai cru d’abord mourir de douleur et d’ennui dans ce Paris laborieux où l’on n’est, quoi qu’on fasse, qu’une unité anonyme dans la foule. Alors, je me suis donné un but, moi. J’ai beaucoup travaillé pour beaucoup oublier. J’ai vu bientôt que l’avenir me souriait, et cependant il me manquait encore un père pour m’encourager. Mademoiselle