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Hector. — Dame, puisqu’un commissaire m’est indispensable pour ma mise en scène. D’ailleurs, je vais t’expliquer ce que tu auras à faire…

et il baisse la voix à ce point que l’auteur qui consigne le dialogue ne parvient plus à entendre ce qui se dit. Nous devons d’ailleurs nous hâter de nous rendre en gare de Longdoz pour assister au départ sensationnel du train de plaisir. Fumées noires et puantes sous le hall malpropre. Le train spécial est garé sur la dernière voie. Tout autour, la pluie ne cesse de tomber fine et presque froide. Les gouttières ont le hoquet. Le temps est affreux. Cependant, les excursionnistes bruyants commencent à s’entasser dans les wagons. Les vêtements sont détrempés, lamentables, et les parapluies dégoulinent toujours.

Monsieur Brayant. — Et maintenant que nous voici bien chez nous, je remplace ma buse solennelle par un jockey anglais. Il faut toujours se donner le genre anglais lorsqu’on voyage, parce que ça force au respect les employés des stations et les garçons d’hôtel qui s’attendent à voler les voyageurs.

Madame Brayant. — Si nous pouvions voyager ainsi seuls, comme ce serait agréable, n’est-ce pas, Madame Ramelin ?

Madame Ramelin (toujours bilieuse). — Comptez là-dessus, chère Madame Maria. Les juifs qui exploitent la compagnie sont encore bien assez piscrosses pour nous imposer la présence d’étrangers…