Monsieur Brayant (à sa femme). — Maria, il demande si Paris c’est beau ! Tu l’entends ?
Madame Brayant (donnant la réplique et faisant l’indignée). — On ne demande pas des choses pareilles, Monsieur Spielweg. Pour qui se ferait-on prendre ? Je vous le demande !
Monsieur Spielweg. — C’est que moi, voyez-vous, Madame Brayant, je n’ai jamais été plus loin que Montaigu et je n’ai pas encore vu l’étranger.
Monsieur Brayant. — Nous non plus, mon ami, et cependant…
Monsieur Spielweg. — Alors, comment savez-vous ce qu’on voit à Paris ?
Madame Brayant. — Monsieur Brayant, qui ne recule jamais devant la dépense quand il s’agit de s’instruire, s’est acheté un Baedeker…
Monsieur Spielweg. — Un quoi dites-vous ?
Madame Brayant. — Un gros livre rouge comme en ont tous les ceux qui voyagent et qui raconte très bien tout ce qu’on voit, avec les prix.
Monsieur Spielweg (surabondamment convaincu). — Ça doit être bien intéressant, un livre pareil. Moi, ce que je meurs de voir, ce sont les pierres plates de la Roquette pour mettre la guillotine dessus.