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cœur ulcéré et qui ne cherchent ni les applaudissements, ni la publicité… Et c’est ainsi, en effet, que pleurent les mamans dont je vous parle, quand elles souffrent beaucoup… comme vous avez souffert. Or, une bonne maman, madame, pardonne à son enfant quoiqu’elle l’ait blessée dans son orgueil et dans sa chair et elle a d’autant plus de joie à pardonner que la faute a été plus grande et qu’elle en a pleuré davantage. Soyez donc la vraie maman de cet apologue qui, si tout à coup, prenant place d’une bonne fée, je lui jetais sa fille dans les bras, les lui ouvrirait tout larges, ses bras maternels… et qui laverait de ses larmes les dernières traces du péché déjà oublié. Êtes-vous cette maman-là, madame Brayant ?

Mais, Madame Brayant s’est dressée subitement, hagarde, et regarde Monsieur Dumortier souriant, avec un air de folle.

Madame Brayant (avec un cri d’amour). — Où est mon Emerance, Monsieur Dumortier ?

Monsieur Dumortier. — Voilà enfin le cri du cœur, le cri que j’attendais avant de parler…

Madame Brayant (lui saisissant le bras). — Où est mon Emerance, Monsieur Dumortier ?

Mais le vieillard ne lui répond pas et va ouvrir la porte de sa chambre. Il appelle.