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aussi et j’aime les précisions. Précisons donc. Lui eussiez-vous pardonné, pardonné sérieusement ?

Madame Brayant. — Pour les gens, c’est encore ce que nous avions de mieux à faire…

Monsieur Dumortier, (s’animant soudain et parlant haut). — Pour les gens seulement. Eh ! madame, les gens, toujours les gens. Que peuvent donc bien nous faire ces gens-là ? Quelle est leur puissance pour ou contre nous ? Les gens me rendront-ils ma pauvre femme morte avant d’assister au triomphe du fils qu’elle avait chassé, elle aussi, jadis, pour les gens ? Combien elle a regretté ce geste depuis ! Les gens ont-ils empêché votre beau-fils de voler à la Grande Damasserie pour commencer, de vous filouter vous-même à la douane, de détrousser ses complices ensuite à Paris ? L’empêcheront-ils de ruiner sa mère et de causer son décès ? Les gens ! Mais, mon Dieu, madame, laissons donc les gens un instant et occupons-nous de nous, de nous seuls, si vous le voulez bien.

Et le bonhomme Dumortier, lyrique et très beau, révèle une vigueur de caractère qu’on ne lui connaît pas encore.

Madame Brayant. — Où voulez-vous en venir ?

Monsieur Dumortier. Je veux voir jaillir l’étincelle de votre cœur, de ce cœur qui a trop de respect