SUZANNE (ouvrant l’enveloppe). — De Margeret, encore !… (Elle lit.) « De même que chaque soir, comme je le fis hier et comme je le ferai demain, je vous attends. Souvenez-vous que je vous ai marquée et que si vous pouvez différer l’heure, vous ne pouvez cependant empêcher que vous m’apparteniez. » (Elle entend du bruit à l’extérieur et, rapidement, elle fait disparaître le billet dans son corsage. Adèle entre.) Qu’est-ce ?
ADÈLE. — J’entendais du bruit sur le palier. J’ouvris… une ombre se dressa devant moi…
SUZANNE. — Pourquoi n’as-tu pas appelé ?
ADÈLE. — J’ai reconnu M. d’Estinnes.
SUZANNE. — Lui, ici ?
ADÈLE. — Il aura simulé une sortie.
SUZANNE. — Où l’as-tu laissé ?
ADÈLE. — Dans le boudoir où il s’est introduit. Voici vingt louis, m’a-t-il dit, aide-moi à m’introduire dans la chambre de ta maîtresse dès que tu l’auras couchée.
SUZANNE. — Pouah !… (À part.) Le fruit trop mûr menaçait de tomber. Cet homme lui aura