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jadis, parce que j’espérais… Voici que vous froncez les sourcils encore… Ai-je maladroitement et sans le vouloir, réveillé en vous un souvenir désagréable ? ouvert à nouveau une blessure pas encore complètement cicatrisée ? Vous ai-je déplu ? Avez-vous mal compris mes paroles que je voulais consolatrices ? Dites, Suzanne ?

SUZANNE. — C’est fini !

D’ESTINNES. — Vrai ?

SUZANNE. — Puisque je vous souris, bon ami.

D’ESTINNES. — Eh bien, oui, nous serons de bons amis, de vieux amis. Peut-être mieux que des amis. Voulez-vous m’accorder votre confiance tout entière, sans arrière pensée, afin de me permettre de partager vos espoirs, vos joies et surtout vos douleurs ? Laissez-moi lire dans ce cerveau que cache une tête si jolie… et je puis bien vous dire tout cela, moi, car je vous parle ici seulement en artiste qui admire une belle statue en dilettante. Laissez mes doigts tremblants tourner avec précaution sans les froisser, bien qu’ils n’en aient guère l’habitude, les feuillets de ce livre de contes de fées qui s’appelle le cœur féminin. Que j’y puisse inscrire quelque douce pensée que je signerai de mon nom.