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D’ESTINNES. — Si je vous aime ! Que vous êtes cruelle de me parler ainsi ! Je vous ai vue si jeune et si belle, perdue dans ce monde moderne, livrée à vos seules forces dans le torrent des passions et des désirs, que je fus convaincu de suite que mon devoir était d’aller à vous franchement et de vous tendre la main. De suite, vous fûtes pour moi le nouveau venu, si charmante, si douce, si sincèrement, si affectueusement bonne, que moi, le vieux célibataire endurci, je me suis surpris à vous aimer.

SUZANNE. — Comme c’est gentil à vous… (Naïve.) Savez-vous bien, d’Estinnes, que je n’avais pas remarqué tout d’abord votre petit manège ? (Elle rit.)

D’ESTINNES. — Il vous manquait un appui et un conseiller. Je serai, si vous voulez bien le permettre, l’un et l’autre. Il est vrai que je n’ai jamais rien fait de passable sur cette terre, mais ce sera ma bonne action. Croyez que je n’aurai jamais d’ailleurs aucun mérite à l’accomplir.

SUZANNE. — Voyez-vous ça ?

D’ESTINNES. — Suzanne, vous êtes la joie et la clarté de cette vieille et sombre maison où