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IV.



ENCORE la villa de Mimyane. Au dehors, il pleuvine. La pluie tombe fine, sans se lasser et très froide aussi. La mer se devine derrière un rideau de brume grise. On l’entend au loin qui chante son refrain lent et monotone. La nuit tombe et déjà les croisées commencent à s’illuminer dans l’ombre grelottante.

Comme Suzon avait froid, on a fait flamber quelques bûches dans l’âtre. La jeune femme, les pieds chaussés de pantoufles roses sur les chenets de cuivre poli, cause avec Marthe de Ryvère enfouie dans les coussins d’une bergère. Les lueurs rouges du foyer éclairent seules la scène et donnent des ombres gigantesques aux personnages.

SUZANNE. — Ainsi d’Estinnes est arrivé ici, en même temps que toi ?

Mme de RYVÈRE. — Je l’ai trouvé rue de l’Église, barbotant sous l’averse ; et je l’ai pris dans ma voiture. Le chauffeur le connaissait et