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antennes inquiètes, cherche la fleur où se poser et se dit : Où diable dois-je m’adresser pour avoir le plus de suc, le suc le plus fin, le plus délicat, celui qui grisera totalement ?

D’ESTINNES. — Vous m’amusez, Madame de Ryvère, avec vos images… extraordinaires.

Mme de RYVÈRE. — J’ai quarante-cinq ans, pensez que je radote et laissez-moi poursuivre. Le moyen le plus simple eût été que Mimyane l’eût rendue mère. C’est le dérivatif fameux que nous offrent messieurs nos maris, à défaut d’autre et quand notre amour commence à les encombrer, c’est-à-dire trois mois après le mariage.

D’ESTINNES. — On ne peut espérer sérieusement que le baron fasse souche.

Mme de RYVÈRE. — Soyons sérieux, d’Estinnes. Suzon vous estime beaucoup, beaucoup plus que vous ne le pensez. Elle sait que, pour elle, vous avez provoqué Margeret. C’est, pour cette folle cervelle, la révélation de la jeunesse que lui cachaient ces jolis cheveux de neige que vous portez si élégamment, si élégamment que vous n’avez jamais songé à les faire teindre. Continuez à jouer au brutal. Non, pas de mandoline, de compliment à la crème pistache, des romances ;