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donc, maintenant, va me défendre contre lui et contre moi-même ?

Mme  de RYVÈRE. — Il y a ici un autre homme qui t’aime.

SUZANNE. — D’Estinnes ? Ô volupté ! Le second vieillard biblique.

Mme  de RYVÈRE. — Tu es une méchante fille. D’Estinnes n’est ni un rhumatisant, ni un podagre. C’est un parfait gentleman. C’est, en plus, une haute intelligence, un lettré et un cœur d’or. Aie confiance en sa bonté et en son expérience. Il n’est pas dangereux, lui, tu l’avoueras.

SUZANNE. — Oh ! pour ça non.

Mme  de RYVÈRE. — S’il t’aime et te le montre, il y met une telle discrétion…

SUZANNE. — Inévitable à son âge. Je te comprends, Marthe. Lorsqu’on veut guérir un ivrogne, il ne faut pas le sevrer du jour au lendemain. Il y a danger de crise fatale. Il faut réduire progressivement la dose d’alcool. De Margeret, nous descendrons donc à d’Estinnes ; plus tard, la chute nous ramènera à M. de Mimyane… Eh bien, nous n’y sommes pas encore, ma toute bonne…

Mme  de RYVÈRE. — Quelle âme étrange que