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sa mauvaise gestion, il fut heureux de ce que M. de Mimyane se présentait. C’était un candidat sérieux… on ne peut plus sérieux… vraiment bien sérieux… une ruine très riche. Il n’exigeait ni comptes de tutelle, ni dot qu’on n’eût plus su me donner. J’eus confiance. On me fit miroiter le titre de baronne, la vie de grand luxe, la granta vita, avec son pur-sang, ses bijoux, ses réceptions, ses spectacles et ses flirts même…

Mme  de RYVÈRE. — Bref, tu acceptas volontairement. L’honnêteté exige que tu tiennes fidèlement la promesse que tu lui fis, le contrat que tu signas librement. Ça c’est la raison.

Mme  SUZANNE. — Et le cœur n’a donc rien à voir en la matière ? Marthe, je te dis qu’il y a eu surprise.

Mme  de RYVÈRE. — Ma pauvre petite, dans quel état je te retrouve aujourd’hui, moi qui, il y a quinze jours à peine, t’avais laissée si calme et si raisonnable. Prends garde, Suzon ! le mauvais esprit est entré en toi. Prends garde, je connais ces nervosités malfaisantes. Si je ne parviens pas à relever ton moral abattu, tout est à craindre. Tu te trouves à l’un de ces moments critiques, à l’un de ces instants d’hésitation où le