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SUZANNE. — Il partit, oui, mais en me quittant, il se retourna vers moi et me saluant : « Madame, me dit-il, avec un sourire, et quel sourire à la fois ironique et gouailleur, Madame, je vous ai marquée et j’attends qu’il vous plaise d’être mienne. »

Mme  de RYVÈRE (se levant pour cacher son trouble). — L’impudent !

SUZANNE. — Et personne ! personne pour me venger de l’insulte. Mon mari, parlons-en…

Mme  de RYVÈRE. — M. de Mimyane a eu le malheur d’être paralysé des jambes. Que cet… accident soit la résultante du hasard, ce que je crois, ou de quelque vice peut-être, on ne peut lui rien reprocher ici. Le contraire serait indigne de toi. Il était déjà très mal à l’époque de ton mariage. Pourquoi l’as-tu épousé ?

SUZANNE. — Le sais-je ? J’avais dix-neuf ans, je ne connaissais de ce joli monde dans lequel on me jetait au sortir du couvent, que ses illusions. Je ne savais de l’amour que les paroles du livre où l’on nous indiquait la façon de s’adresser au Sacré-Cœur. Mon père, veuf, avait dilapidé la fortune qui venait de ma mère et, craignant devoir, au jour du mariage, rendre compte de