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mon adresse ; mais, quelles expressions, ma pauvre petite Suzanne !

SUZANNE. — Expressions qui m’ont été inculquées par nos invités, depuis que je suis une enfant et que je vis dans ce monde que vous appelez le monde chic et où je n’ai trouvé, moi, que des butors et des porchers… des messieurs qui brutalisent leurs chiens, injurient leurs domestiques, insultent aux femmes par des compliments à double sens recueillis aux ruelles des prostituées en renom, leurs meilleures amies, les seules pour lesquelles, peut-être, ils professent encore quelque respect.

Mme de RYVÈRE, (d’un ton de reproche). — Suzanne…

SUZANNE. — Ah ! si tu savais, Marthe… Si tu savais !…

Mme de RYVÈRE. — Quoi ?… Quoi que je ne sache point ?

SUZANNE, (lui tendant un billet froissé). — Lis.

Mme de RYVÈRE. — Des vers… Un soupirant poète… C’est très joli, cela. J’en ai reçu beaucoup avant toi, des vers, mais un poète est un inoffensif. Quand on dit à quelqu’un qu’on va le tuer, il n’y