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I.



LE vaste hall du célèbre hôtel du baron de Mimyane, célèbre par son luxe outrancier et ses dimensions américaines. Une verrière formant dôme, avec des vitraux modernes et bariolés, laissant tomber de polychromes rayons lumineux aux plis voluptueux d’un vélum de satin rose, léger comme un souffle. Au centre s’arrondit un petit étang dans son cirque de simili rochers d’où s’élève la dentelle verte des fougères vivaces. Un jet d’eau minuscule, qu’un cygne blanc, luttant avec un négrillon doré, en bois de Venise et laques idem, lance vers le vélum comme une poussière de perles. Au fond du hall, se fait entendre tapageur, criard, langoureux, sensuel aussi, un orchestre de tziganes. Les tapis s’allongent paresseusement sur les parquets cirés ainsi que des miroirs. Il y a des lanternes chinoises célant les ampoules électriques, des plantes vertes en pots et en espaliers. D’énormes vases de Sèvres, à la panse bleue. Dans les vases flamboient les fleurs rares. Les invités du lunch, celui-ci terminé, se sont répandus sous le hall et potinent en grillant des cigarettes blondes. Tout ce monde est particulièrement