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UNE NUIT D’AMOUR




Après la bataille de Magenta et le combat de Melegnano, les Autrichiens avaient précipité leur retraite derrière le Mincio, abandonnant les hauteurs qui forment au sud du lac de Garde une agglomération de mamelons escarpés. Il était évident que l’ennemi s’apprêtait à concentrer toute sa résistance sur le bord du fleuve, et l’armée franco-italienne reçut l’ordre d’occuper aussitôt les positions abandonnées. L’armée de Victor-Emmanuel dut se porter sur Pozzolengo ; le maréchal Baraguay d’Hilliers, avec le premier corps, sur Solferino ; Mac-Mahon, avec le deuxième corps, sur Cavriana ; le maréchal Canrobert, avec le troisième corps, sur Medole, et le général Niel, avec le quatrième corps, sur Guidizzolo, Regnault de Saint-Jean d’Angély devait se diriger sur Castiglione, tandis que les deux divisions de cavalerie prenaient position au-dessus de Solferino.

Dans la nuit du 23 au 24 juin, les Autrichiens, reprenant l’offensive, franchirent le Mincio, et les deux armées marchaient sans le savoir au devant l’une de l’autre.

Sur la route de Mantoue, en avant de la ferme de Casa-Morino, un bataillon d’infanterie vint prendre position dans le petit village de Monte-Calvi. La chaleur était accablante, et, quand le détachement s’avança dans la rue tortueuse que bordaient les maisons pittoresques avec leurs murs peints à fresque et leurs terrasses étagées, où s’épanouissaient dans toute leur vigueur de grands cactus et des figuiers d’Arabie, le capitaine qui commandait le détachement sauta de son cheval en s’écriant avec dépit :