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ment se fait-il qu’il n’ait jamais essayé quoi que ce soit, depuis un an qu’il est ministre, pour l’éducation d’hommes, qui en ont un tel besoin ? Comment se fait-il qu’il ait, au contraire, repoussé la proposition faite en commun par MM. Jouannet, Perrinon et moi, tendant à appliquer aux colonies la loi sur l’instruction publique ? Il sait pourtant bien que le peu d’écoles qui existent aux Antilles regorgent d’élèves, et que plus de la moitié des enfants que les nègres y envoient n’y peuvent trouver place. Quoi ! deux siècles d’esclavage, sous la domination absolue de maîtres blancs, ont corrompu à ce point les hommes noirs que « les principes d’éternelle morale leur sont inconnus, » et M. Romain-Desfossés se plaint qu’on les ait émancipés trop tôt ! C’est à peine croyable. En tous cas, il est permis de s’étonner qu’au moment où M. le ministre de la marine présentait une loi sur la presse qui punit « l’excitation à la haine et au mépris d’une classe contre l’autre, » son langage ait été précisément une excitation à la haine et au mépris de la race noire. Si les lois avaient un effet rétroactif, le premier délit qu’on aurait eu à poursuivre, en vertu de la loi nouvelle, c’eût été assurément le discours qu’il a lu pour l’obtenir. Que ferait-il, que pourrait-il faire si les journaux blancs disaient aux nègres : « Reconnaissez la supré-