Page:Schoebel - Le Rituel brahmanique du respect social.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il y a là évidemment deux contradictions. La première qui fait descendre la science du haut rang que le Rituel et le commentaire lui assignaient tout à l’heure, en disant qu’elle l’emporte sur toutes les autres qualités ; la seconde, c’est qu’on va jusqu’à supposer de la science à un Çûdra. Mais où prendra-t-il cette science n’étant pas dvija et se trouvant ainsi exclu de tout enseignement, même de celui qu’il pourrait acquérir par lui-même ? En effet, la loi est formelle à cet égard. « Celui, dit-elle, qui, sans en avoir reçu la permission, saisit les Écritures, par le moyen de la lecture ou de la pratique, ou seulement de la bouche d’un lecteur qui les lit à un autre, celui-là est coupable du vol des textes sacrés et va dans l’enfer, narakam[1]. »

Mais les Indiens ne sont pas embarrassés pour si peu. « Lorsqu’il y a deux textes contradictoires, mais d’une force égale, dit Gautama, il y a option, tulyabala virodhe vikalpah[2] ». Ou bien encore : « Le sentiment de la conscience est une autorité dans le doute : vaikalpike âtmatushtih pramânam[3]. »

Cette dernière sentence, qui est de Gargavyâsa, est assurément fort belle, et, s’il est permis au Çûdra de la suivre, la société brâhmanique n’est pas si mauvaise après tout.

Le Rituel continue, çl. 138 :

Cakrino daçamîsthasya rogino bhârinah striyah,
Snâtakasya ca rajnaç ca panthân deyo varasya ca.

« Le chemin doit être donné à un homme en char, à celui qui est dans la dizaine par excellence, à un malade, à

  1. Manu et le commentaire, II, çl. 116.
  2. Ap. Kullûka, II, çl. 14.
  3. Ibid., çl. 6.