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Les membres d’une même famille, svayonishu, sont les sapindeshu, c’est-à-dire les personnes qui participent au même gâteau, pinda. Par le mot « svalpena pour très-peu de temps », le Rituel veut donc dire que les membres d’une même famille sont considérés comme égaux en âge pour le temps seulement qu’ils mangent ensemble dans le çraddha[1] ou repas funéraire le pinda, en l’honneur des pitris ou mânes[2], ce qui n’est pas long. — Il y a lieu de remarquer

    s’appelle Yajur-Véda, de yaj, adorer, mot qui, pas plus que le nom du prêtre sacrificateur, adhvaryu, ne rappelle aucune opération sanglante. — Pour ce qui est de l’immolation des veuves, c’est une aberration moderne. Anciennement, loin de sacrifier les veuves, on les exhortait, au contraire, à rentrer dans le monde des vivants, jivalokam : car les vivants sont séparés d’avec les morts, ime jivâ vi mritairâvavrittan (voy. Rig —Véda, X, 18, 3). Mais, si les pasteurs védiques n’ont jamais connu l’immolation des veuves sur le tombeau de leurs maris, on ne saurait en dire autant des Hellènes, des Germains et des Celtes.

  1. Voy. les cérémonies du Çrâddha (Manu, III, 122, sqq).
  2. L’état des âmes après la mort est diversement représenté dans la doctrine indienne. Une des plus anciennes croyances à cet égard est sans doute celle qui fait prendre aux âmes des trépassés la forme du vent ou de l’air. Le vent les attire comme un bon conducteur et les transporte comme un autre Hermès Psychopompe. Un commentateur, quoique moderne déjà, puisqu’il est du xvie siècle, Mahîdhara, dit vâtâtmâno vâtarûpam praptâh les âmes expirantes obtiennent (on prennent) la forme de l’air. — Il est à noter, du reste, que la plupart des peuples ont vu de l’analogie entre le souffle ou le vent et la partie invisible de l’homme, car spiritus vient évidemment de spirare, comme geist d’un radical tel que l’islandais geisa souffler avec impétuosité, comme ἄνεμος et animus de ἄημι souffler. Cf. anila id. de an id., et ainsi de suite. (Cf. Kulm, Wodan, dans Zeitschrift für D. A. de Haupt. V. p. 188). — D’accord avec ces idées, les âmes indiennes mènent une existence somnolente ou rêveuse qui rappelle celle des ombres dans le Hadès. (Weber, Ind. Stud., II, 229). La croyance aryenne, et cela me paraît important pour l’histoire des idées religieuses, la croyance védique faisait accompagner les âmes des trépassés par deux chiens çvânau, dont l’un était tacheté, çabala ou çavala, — formes anciennes que Weber, avec sa sagacité habituelle, rapproche de Κέρϐερος (çabafa — çarvara — karbura) — et l’autre noir çyâma.