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entré en même temps que le très-célèbre M. Max Müller, puis sont venus Albrecht Weber et M. Whitney, de sorte que le champ des fils régulateurs ou aphorismes grammaticaux des çâkhâs ou écoles védiques[1] est actuellement cultivé au plus grand profit de la linguistique.

Cependant je reviens au commentaire pour dire qu’il explique le mot upasangrâhyâ, que nous avons traduit : « doivent être saluées », par upasangrâhyâpâdayer qui montre que le salut s’effectue par la prise des pieds. Il ne faut sans doute pas prendre la chose à la lettre, mais penser plutôt à notre locution : s’incliner jusqu’à terre, ou s’incliner assez profondément pour que, comme il est dit dans le çloka 72 de cette même lecture, on parvienne à toucher les pieds de celui qu’on salue de manière que la main gauche porte sur le pied gauche du personnage, et la mais droite sur son pied droit. C’est sans doute de cette salutation qu’il est question dans les épopées quand on y lit pranipalya yathânyâyam s’étant incliné selon la convenance. L. Deslongchamps a quelque peu exagéré la chose en traduisant : « Il doit se prosterner aux pieds ». Dans la société indienne moderne, il est vrai, celui qui salue un personnage s’incline tellement que sa tête arrive à s’appliquer sur les pieds de ce personnage ; il est

  1. Qui sont loin d’être toujours d’accord entre elles (voy. un texte cité par Weber, Ind. Stud., I, 296 ; Cf. ibid., p. 395), parce que chacune d’elles ne traite que telle sanhitâ védique, et la traite isolément, à son point de vue. Aussi chaque prâtiçâkhya est, ainsi que l’a dit exactement le védantiste Madhusûdana, la grammaire particulière (Bhinnarûpa) du Véda auquel il se rattache (voy. le texte de Nadhusûdana Indische Stud., I, 16). Il y a donc une différence notable entre un prâtiçâkhyam, qui d’ailleurs ne s’occupe que de la phonétique, sujet très-vaste il est vrai, et le vyâkaranam, qui est la grammaire proprement dite, la grammaire générale s’étendant sur toutes les sanhitâs et s’occupant des parties du discours, de la déclinaison, de la conjugaison et de la syntaxe.