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doit être fait comme pour la femme légitime du précepteur spirituel, dont elles sont les égales.

Pour exprimer l’idée de femme légitime, le texte se sert des mots patnî et bhâryâ. Le premier, qui vient de pâti maître, qui rappelle le ποτης dans δεσπότης[1], le πόσις époux, et le gothique faths maître, veut dire maîtresse, absolument comme πότνα ou πότνια ; et le sens du second est « celle qu’il faut porter ou nourrir » de bri ou bhar porter, nourrir, d’où, aussi bhartri mari, celui qui nourrit. Il se peut que le latin maritus, vienne du même radical, le changement du b aspiré en m étant démontré en plus d’un cas[2].

Le Rituel reprend, çl. 132 :

Bhrâtur bhâryopasangrâhyâ savarnâhanyahany api,
Viproshya tûpasangrâhyâ jnâtisambandhiyoshitah.

« L’épouse du frère (si elle est) de la même caste, doit être saluée chaque jour ; mais les parentes de race (et) les alliées (ne) doivent être saluées (qu’) après un voyage. »


Le mot caste s’exprime en sanskrit par varna, que L. Deslongchamps traduit inexactement par classe. C’est açrama qui veut dire classe ou ordre, et ce mot marque les subdivisions de varna. La signification propre de varna est couleur. C’est une indication ethnologique importante, en ce qu’elle nous montre que l’institution des castes ne s’est faite que sur

  1. Le δεσ (Cf. δάϊος ennemi) est identique, à ce qu’il parait, avec le sanskrit dâsa, ennemi, serf, esclave, serviteur (Cf. Pott., Etymologische Forschungen, I, 189) ; δεσπότης est donc le maître des esclaves, comme δέσποινα pour δεσποτνια, maîtresse des esclaves.
  2. Voy. Bopp., Gloss. Sansc., p. 243 et alibi ; Grimm, Gesch. der D. Sp., I, 368, sq.