Page:Schoebel - Le Rituel brahmanique du respect social.djvu/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce Sudâs ou Sudâsa était un Çûdra : Çûdrah paijavano nâmah. Le patron de Viçvâmitra un Çûdra ! et ce Çûdra un roi !… Il est vrai que cet heureux Çûdra n’y perd rien aux yeux des orthodoxes, puisque par là même qu’il est le protecteur de Viçvâmitra, qu’il assiste contre Vaçishtha, honoré comme le prototype du brâhmanisme, il est représenté comme l’ennemi de la société indienne. Aussi le code de Manu, qui est foncièrement brâhmanique, dit-il, que Sudâsa se perdit par défaut de sagesse[1]. — Dans le Çatapatha-Brâhmana, la seconde partie du Yajur-Véda blanc, la position du Çûdra n’est plus aussi avantageuse que dans l’épopée ; cependant il participe encore aux sacrifices, où il est admis au dernier rang, et sans avoir droit à un appel respectueux. Le Kshatriya, du reste, n’est guère mieux traité, et cela concourt à prouver ce que nous avons dit plus haut de l’origine peu honorable de la caste princière. Ainsi, tandis que le sacrifiant prie avec déférence le brâhmane d’approcher de l’autel, en lui disant d’une voix douce ehi, viens ! et qu’il invite le Vaiçya par âgahi, viens ici ! sa voix prend un tout autre accent en s’adressant au Kshatriya, qu’il appelle par le mot âdrava, accours ! Quant au Çûdra, il lui crie, sans façon, âdhava, comme qui dirait : ici ![2].

    l’Inde, dans l’Amarakocha, si appelée Bharatavarsham, contrée des Bharatas. Le Mahâbhârata, vu la signification première du mot bharata et le but final de l’action qu’il expose et qui se passe entre les Bharatas (les Kurus et les Pandus), pourrait se traduire comme titre par : Le grand sacrifice (Cf. Weber, Ind. St., I, 201). — Enfin Bharata est devenu patronymique d’une race royale.

  1. Manu, VII, çl. 41.
  2. Çatapatha-Brâhmana, ap. Weber, dans la Zeitschrift der D. M. G. IV, p. 301.