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dans la société brâhmanique comme anârya ou aryen non-brâhmanique, en ce qu’il ne reçoit pas l’investiture des deux fois nés ou dvijas[1], par suite de quoi il se trouve exclu des sacrements (sanskâra) et ne peut rien posséder dont un brâhmane ne puisse disposer en toute sûreté de conscience[2]. Ce qu’on peut affirmer, sur le triple témoignage du Rig-Véda, du Çatapatha-Brâhmana et du Mahâbhârata, c’est qu’ancienneraent les Sûdras jouissaient assez de l’estime de leurs maîtres pour être admis même aux sacrifices. Il y a des hymnes védiques qui célèbrent Sudâs, et même qui sont rédigés par ce fils de Pîdjivana[3] ; et nous savons par le commentateur Sâyana, comme par le Mahâbhârata[4], que <ref follow="p11">anciennement Sûdra, ce qui est probable. Le s s’est fréquemment changé en ç, comme on le voit par beaucoup d’exemples, tels que Vaçishtha, Kôçala, etc., d’abord Vasishtha, Kôsala (Cf. Weber, Indische Stud., I. 182). Les Sûdras (Cf. ὑδραῖος, qui vit dans l’eau) seraient donc les riverains de l’Indus, ce qui s’accorderait avec ce que dit Mégasthène des Ὑδράκαι (Ὑδάρκαι chez Étienne de Byzance), peuple indien, ἐκ τῆς Ἰνδικῆς, comme alliés soldés des Perses avant Alexandre (voy. Strab., Géogr., XV, 11, § 11 ; Causab., p. 1007, éd. Amst. 1707 ; — Diod. Sicul., XVII, 102. — Droysen, Geschichte Alexanders, p. 433, 443). — Les Sûdras et les Nishâdas, paraissent être confondus quelquefois (voy. Lassen, Indische Alterth., I, 798) ; les Nishâdas, qu’il ne faut pas confondre avec les Nishadas, d’origine aryenne (Cf. Mahâbhârata, I, çl. 3745) ; les Nishâdas sont les aborigènes de l’Inde, en tant qu’ils vivent à l’état sauvage (Cf. Weber, Indische Stud., I, 186 et p. 33, la citation du Sâma-Véda ; Akadem. Vorlesungen, p. 18).

  1. Voy. la définition du dvija ; Manu, II. çl. 169 sqq.
  2. Manu, VIII, 417 : visrabdhan brâhmanah çûdrâdravyopâdânam âcaret, na hi tasyâsti kincit svan.
  3. Voy. Rig-Véda, éd. Max Müller, I, p. 438, 884, et alibi. — Langlois, les Hymmes védiques, sect. VIII, let. 7, h. 14.
  4. Mahâbhârata (Çântivarta), XII, çl. 2306 ; III, vol. éd. Calcutta. — Le mot Bharata est appellatif d’un peuple du Pendjab (voy. Roth, citant le R.-Véda, dans : Zur Literatur und Geschichte des Weda, p. 112, 127, et signifie les sacrificateurs (voy. Weber, Ind. Stud., I, 200, note 3). Ensuite, ce nom a été appliqué au pays où demeuraient les Bharatas, car