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comme une œuvre sur laquelle le créateur aurait épuisé tous ses efforts. Elle ressemblait à la flamme que voile à demi la fumée, à l’éclat de la pleine lune qu’entoure la brume, au disque étincelant du soleil que reflètent les profondeurs des eaux. Certes, il était difficile de la saisir par l’organe de la vue, et en vertu de la parole de Gaûtama, personne, dans les trois mondes, excepté Râma, n’y serait parvenu. À peine le héros l’eut-il vue, qu’il la prit par les pieds[1]. Et elle, se souvenant de ce qu’avait dit le solitaire, honora son sauveur, pleine de joie et suivant la règle, par toutes les offrandes de l’hospitalité. Elle lui donna un siège, de l’eau pour laver ses pieds et des fleurs. Et au même instant on entendit retentir une musique divine, on vit tomber du ciel une pluie de fleurs odorantes, et en descendre le chœur des dieux entourés de toutes les nymphes du Paradis. Les immortels rendirent hommage à la pureté d’Ahalyâ, par des acclamations répétées, et le magnanime Gaûtama ayant vu de son regard divin l’arrivée de Râma, ne tarda pas à venir l’honorer aussi. Ensuite il s’approcha de son épouse purifiée, pour continuer avec elle les exercices ascétiques qui devaient les affranchir de la loi des naissances successives, et leur donner la suprême gloire du ciel.

  1. C’est dans l’Inde la marque du salut respectueux. La manière de saluer tient une place considérable dans les habitudes des Hindous ; nous y consacrerons un prochain article.


PARIS. — IMPRIMÉ PAR E. THUNOT ET Cie, RUE RACINE, 26.