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« C’était, dit M. de Rougé[1], la manière la plus énergique d’exprimer cette croyance qu’au sein même de la mort repose pour l’homme la promesse d’une nouvelle génération ».

Maintenant, nous pénétrons aussi le sens des paroles sacramentelles que prononçaient les mystes pour être admis à l’époptie, à cette initiation suprême que le seul Démétrius Poliorcète emporta d’emblée, et qui étaient[2] : « J’ai jeûné, j’ai bu le cycéon[3] ; je l’ai pris dans la ciste, et après avoir labouré, je l’ai déposé dans le calathus[4], puis du calathus dans la ciste ». Directement, tous ces mots sont fort anodins et se rapportent aux aventures mythologiques de Déméter ; mais leur sens est double, et en nous reportant à la situation que nous peint l’apologue biblique des IIe et IIIe chapitres de la Genèse, nous y voyons exprimé l’état premier de la femme, la jouissance sensuelle qu’elle se procure, puis les soins qu’elle a pour l’objet de sa passion et de son enivrement. Dans l’histoire, il n’y a qu’Olympias, la mère d’Alexandre, qui soit autant infatuée du serpent[5], et qui, par suite de son

  1. Notice des monuments égyptiens, p. 93, 2e édit.
  2. Clem. Alex., Protrept., p. 18 ; Potter. Cf. Otf. Müller, Eleusinien, 284 ; Gerhard, Auserl. griech. Vasenbilder, pl. LXXIV.
  3. Le mot κυκεών, qui désigne un breuvage composé qui trouble, revient à un radical (κύω) dont le sens est indicatif du commerce sexuel.
  4. Dans les fêtes de Cérés, où l’on portait en procession le calathus, les femmes, les filles et les enfants devaient craindre d’y plonger leurs regards. (Callimaque, Hymn. à Cérès, 5.) Cf. Gerhard, Archäo. Zeit. VII, 58, pl. VI, n° 8. On y voit un camée où est gravé un calathus contenant des pommes ou un phallus, présenté par un Silène à une femme qui a la sagesse de prendre la fuite.
  5. Pausanias, IV, 14, cite encore Aristodama, mère d’Aratus, qui passa pour avoir eu commerce avec un serpent. La mère du grand Scipion aussi avait conçu d’un serpent.