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l’image d’une pomme appétissante qui, tant qu’elle est sur l’arbre, est désirée par tout le monde, mais qui, dès qu’elle en est tombée, et que, par suite, elle s’est endommagée, n’est plus enviée par personne : οἱον τὸ γλυκύμαλον ἐρεύθεται κτλ.[1].

Ce qu’on ne saurait nier, c’est que tous les éléments du mythe biblique de la femme et du serpent ne se retrouvent dans les mystères des diverses religions populaires. En Phrygie, on portait processionnellement dans les fêtes de Cybèle, la mère première, l’image de l’agent de fécondation ; et dans les mystères phéniciens d’origine de Samothrace, relativement à Sabazius, qui est le Jacchus d’Éleusis[2], on passait un serpent d’or dans le sein des initiés : in quibus aureus coluber in sinum dimittitur consecratis[3]. Ce serpent d’or rappelle le feu du ciel qui, suivant une autre variante de la légende, a donné naissance à Bacchus[4] ; il rappelle aussi l’Agni-Çyavana du Véda, l’éclair qui tombe pour mettre au monde Aurva, nourri dans la cuisse, nous l’avons déjà dit, comme Dionysos, μηροτραφής[5]. Mais cet éclair n’est autre que le phallus ailé, forme sous laquelle, suivant Hésychius, il se spiritualise[6] et devient, dit Beger, animam in semine et conceptu[7]. Une fois dans cette voie, l’imagination s’est donnée pleine

  1. V. Philologus, III, 242.
  2. Diodore, IV, 4.
  3. Arnobius, Adv. Nationes, V, 21 ; Cf. Clem. Alex., Protrept, p. 14 ; Potter.
  4. Διόνυσος… ἀστραπηφόρῳ πυρί. (Eurip., Bacchæ, 3.)
  5. Cf. Kuhn, Die Herabk. des Feuers, etc., p. 11 ; Weber, Ind. Stud., I, 418, note.
  6. Φάλλη ἡ πετομένη ψυχή. (Hesychii, Lexicon II, col. 1492.)
  7. Laur. Beger, Thesaurus numismatum Rom., II, p. 427.