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taille et de même figure unies par le milieu de leur corps. Puis aussi on y apprend leur dédoublement en deux personnes indépendantes l’une de l’autre, la déchéance morale de ces deux êtres se produisant en principe par un acte de sensualité qui consiste en ce qu’ils boivent du lait. Il est à présumer que c’est là une figure par laquelle le mythe substitue à l’acte sexuel l’impression douce et agréable que les hommes en ressentirent. Il leur semblait avoir bu du lait. Cette interprétation est d’autant plus acceptable que le lait apparaît aussi comme symbole dans l’acte du mariage chez les Indiens. L’homme qui se marie doit donner du lait (dadhi) à la femme et lui demander : « Que bois-tu ? » À quoi elle répond trois fois (trik) ; « procréation d’homme[1] », kin pibasi ? punsavanam. Enfin le Bundehesh dit la honte que Maschya et Maschyâna éprouvent de leur action et le vêtement de feuilles dont ils se couvrent. « Le désir vint sur eux deux en même temps, et par le désir ils arrivèrent à la connaissance. »

Mais si le motif épique du démon séducteur est absent du mythe sassanide, il réapparaît dans la fable du Schah-Nameh. Malheureusement, Firdousi, à la manière des poètes musulmans, s’est donné ses coudées franches, et il a accommodé notre légende aux visées d’une fable politique.

La voici en substance cette fable :

Jemschid, « le glorieux Yima », est roi d’Irân, la terre

  1. V. le Grihyasûtra d’Açvalâyana, I, 13, § 2, 3. — Le lait doit être caillé, par analogie, peut-être avec l’Urschleim. Cf. le vers d’une poésie arabe où l’amante se console de l’adversité en disant : L’amour et le caillé me restent. (Jolowicz, Polyglotte der Orientalischen Poesie, p. 431.) Je ne suis cependant pas bien sûr de la traduction.