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zura du Vendidad, le jaloux[1], l’envieux d’Elohim ou d’Ahuramazda. Qu’il sortit de l’Erèbe comme un Narcisse[2], beau à croquer, je ne saurais l’assurer, mais il est certain qu’il plut à Ève et qu’il enivra ses sens comme il en arriva à Coré, la vierge Perséphone, au moment où elle fut enlevée par Pluton. Il semble aussi que le reptile s’identifie avec l’arbre du bien et du mal. L’image n’a rien que de conforme au rôle du serpent. Le Vendidad, dans un des fragments que les Irâniens avaient conservés du mythe premier, le Vendidad connaît aussi le serpent, et ce serpent, raoidhita, plein de mort ou de venin, pouru mahrko, est une création d’Ahriman[3]. Cependant, sous une autre forme, la légende parsie nous présente l’aiguillon, açtra, et la lance, çufra, qui, également destinés à porter le trouble dans la nature et à l’engrosser, sont donnés aux premiers humains par Ahuramazda[4]. La terre, zâo, la mère par excellence, représente la femme qui reçoit de cette fonction les noms d’Ève, de Pandore, etc.[5], possédant et donnant la vie telle quelle, bonne et mauvaise. De là vient que, dans les idées aryennes, la femme est le champ, kshétra[6], de l’homme, et le terme est synonyme d’épouse. « Yima (l’Adam irânien) fendit le premier cette terre avec sa lance d’or

  1. Suivant Spiegel (Parsigram., p. 193), arezura se rapporte à araçka, jalousie, envie.
  2. Allusion à un passage de l’Hymne à Cérès, 428 : θαῦμα ἰδέσθαι, ναρκισσόν κτλ..
  3. Vendidad, I, 7, sq.
  4. Ibid., II, 18, 32.
  5. Πανδώρα ἡ γῆ. (Hesychius, sub. v., II, c. 851.)
  6. Mânav., IX, 33.