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manque pas aux animaux inférieurs, dont la vie zoologique est en général plus énergique que celle des animaux supérieurs ; pour eux, comme les anciens le pensaient encore du dragon de Delphes[1], le gynandromorphisme est demeuré l’état normal. La fécondation de l’individu par lui-même pouvait s’accomplir, paraît-il, par endosmose, par un procédé intérieur en quelque sorte passif. Se multiplier de soi-même est d’ailleurs le cas de tout germe primitif, et Aug. Comte a rêvé que, par suite du progrès, ce pouvoir nous sera de nouveau acquis un jour, que la femme seule, dans une île déserte, pourra se donner toutes les joies de la maternité.

Credat Apella ! Ce qui est certain d’après nos textes, c’est qu’un moment vint où l’homme mâle et femelle à la fois se dédoubla, un moment où il y eut un isch et une ischa, un yama et une yamî (dschem et dschemê), un maschya et une maschyâna, un vir et une virago, un Mann et une Männin. Alors la défense de manger du tympanum[2], pour parler le langage voilé d’Eleusis, existant toujours, la tentation sexuelle partagée remplace la tentation solitaire ; la défense, restreinte d’abord, ce semble, à un vice analogue à celui d’Onan, se rapporte maintenant aussi à la cohabitation dans la forme sous laquelle elle a prévalu et qu’Ahuramazda déclare mauvaise au premier chef, paorîm ashâiçtem. Il paraît certain du moins que les termes arezûrahe grîvya ou grevaya[3], les saisissements d’Arezura, désignent le commerce sexuel tel qu’il existe.

  1. Apollonius de Rhodes, Argonaut., II, 708, appelle le dragon delphique : immanem Delphinam.
  2. Ἐκ τυμπάυον ἔφαγον. (Clém. Alex., Protreptikos, p. 17 ; Potter.)
  3. Vendidad, III, 22, 23.