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et la féconde. Olympias, mère d’Alexandre, crut que cela était arrivé à son sujet[1], et la légende dit que Thrym ou Donar lança son marteau dans le sein de la jeune fille sa fiancée, i meyjar knê[2]. Les mariages conclus jusqu’en ces derniers temps par le forgeron de Gretna Green sont évidemment une réminiscence de la fonction mythique du marteau de Thôrr, et le fait se répète ailleurs. L’éclair est aussi symbolisé par la hache[3]. Nous devons y revenir ; pour le moment, il faut, quant aux arbres, signaler, comme incorporation mythique de l’organe de virilité, la mélia, l’éberesche, le sorbier, l’açvattha, c’est-à-dire le figuier. C’est un figuier, ἐρινεός, qui marque le lieu où Pluton, le serpent chthonique, le ravisseur de trésors et leur gardien (Plutus), se rend maître de la vierge Proserpine[4]. Au reste, nous pouvons, sur le chapitre des arbres, renvoyer le lecteur au savant ouvrage d’A. Kuhn, La descente du feu[5]). Rappelons seulement qu’aujourd’hui encore le mythe de l’arbre-phallus subsisté dans l’esprit du peuple. Ainsi, en beaucoup d’endroits, pour rendre fécond le jeune bétail, on le frappe avec une branche de frêne, de sorbier, de sureau, de noisetier ou de bou-

  1. Tonitru fulmen in ventrum suum incidisse. (Plutarch., Alexand., II.)
  2. Thrymskvidha, 32. V. Simrock, Die Edda, p. 79. Cf. Wolf, Zeitsch. für D. M., III, 86.
  3. Ibid., p. 106. Dans Gargantua, le terme « cognée » est employé dans le même sens. Remarquons que la hache est bipennis, ce qu’on peut traduire par « ailée » ou par « à deux tranchants. » Or le phallus est souvent représenté ailé.
  4. Cf. Schelling, Philosophie der Mythologie, p. 160, éd. 1857.
  5. Adalbert Kuhn, Die Herabkunft des Feuers und des Somatrankes, p. 199 sqq., 224 sq.