Page:Schoebel - Le Mythe de la femme et du serpent.djvu/54

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 48 —

du paradis un élément assyrien important, celui des Kirubu ou chérubs[1] ; je dis il paraît certain, jusqu’à nouvel ordre, que la légende de la chute est d’origine égyptienne ; mais cela ne nous fait pas sortir du domaine de notre race. L’Égypte appartient encore au domaine sémitique, ou si l’on veut prosémitique ; l’illustre Benfey l’a démontré il y a plus de trente ans. Nous rencontrons en effet, à l’origine de l’histoire de l’Égypte, les noms de Ména « celui qui résiste » et de Schesch, la « blanche[2] », noms qui donnent à penser, comme ceux de Manu « le pensant[3] » et d’Ilâ « l’autel », et Moïse, qui était savant dans la science hiératique[4], a pu s’instruire aux archives de quelque temple du pays qui l’a vu naître. Or, dans le récit mosaïque, le phallus existe ; il y est sous la forme qu’on lui attribuait si souvent, sous celle du serpent[5] ; il y est aussi sous celle de l’arbre.

D’autres symboles, équivalents aux précédents, étaient la fève et l’amande[6]. Mais ils ne sont pas arrivés à la popularité. La fève a toujours paru impure, μὴ καθαρὸν εἶναι, et les hallucinations d’Anne-Catherine Emmerich, qui vit

  1. C’est une identification qu’on doit, je crois, à la perspicacité de F. Lenormant.
  2. Dont le nom se lit pour la première fois sur le Papyros Ebers, qui a 3400 ans d’âge, et date de la XVIIIe dynastie. V. cet ouvrage, édité avec une rare perfection typographique, à Leipzig, 1875, vol. I, p. 36.
  3. L’homme est un roseau pensant, a dit Pascal ; il résiste en pensant, et voilà la connexion de ces deux noms.
  4. Et eruditus est Moyse omni sapientia Ægyptiorum. (Act., VII, 22.)
  5. V. O. Jahn, dans Hermès, d’Em. Hübner, III, 323 sqq. Welcker, Griech. Goett., II, 600.
  6. Pausanias, VII, 17 ; VIII, 15.