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legno in mano saltando et ballando[1]. C’est absolument ce qu’Hérodote rapporte des femmes égyptiennes : per vicos circumferunt mulieres, nutante veretro… procedit tibia, sequunturque mulieres, etc.[2].

Le culte du phallus n’était pas non plus négligé dans le Nord, et il y persiste, bien qu’à un degré beaucoup moindre qu’au Midi de l’Europe. Les Scandinaves, suivant Adam de Brême, adoraient Friggr (Fricco), dieu d’une importance égale à Odhinn et Thôrr, sois la forme d’un priape[3]. En cherchant, on trouverait aisément des vestiges de ce culte en Normandie, en Belgique, dans les Pays-Bas et en Allemagne. Je ne parle pas de la France proprement dite, où les railleries des huguenots sur les abus qu’on faisait de saint Photin ou Foutain[4], passant pour favoriser la fécondité des femmes, ont banni la dévotion phallique dans ce qu’elle avait de trop explicite[5]. Mais quant à la Belgique,

  1. Paolino da S. Bartolomeo, Viaggio alle Indie orientali, p. 318, éd. Rome, 1796. Cf. Graul, loc. l., I, 75.
  2. Hérodote, II, 48. — Bastian, Deutsche Exped. an der Loango-Küste, II, 196, note un usage identique chez les nègres du Congo. Cela viendrait à l’appui de ce dont nous dirons un mot plus loin, à savoir que le culte du phallus fait partie intégrante du naturisme primitif qui, dans l’Inde, est désigné par le nom de drâvidisme.
  3. Adami Historia ecclesiastica, p, 152, éd. Maderus : Cujus etiam simulachrum fingunt cum ingento priapo. Remarquons par anticipation que Frigg ou Frey se confondant parfois avec Odhinn, et celui-ci ayant séduit une vierge divine ou Walkyrie au moyen d’une pomme (V. Simrock, Handbuch der deutsch. myth., p. 193, 348), la personnalité mythique de Frey vient ainsi à se rattacher fort étroitement au mythe biblique.
  4. Une corruption linguistique analogue est celle de S. Théofred en S. Chaffre, au Puy-en-Velay.
  5. V. à ce sujet de Laure, Des divinités génératrices chez les anciens et les modernes, p. 238 sqq.