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se rapporte à notre sujet ; mais un lingam des plus considérables, celui que brisa à Soumenath, dans le Guzerat, Mahmoud le Ghaznevide, en 1025, n’était pas en bois[1]. Du reste, quant aux dimensions qu’on donnait à cet objet, l’Égypte, si on peut ajouter foi au dire d’Athénée, surpassa encore l’Inde, puisque le phallus de Ptolémée Philadelphe eut une hauteur de 80 mètres[2].

Le nom de « colonne » est donc amplement justifié. Maintenant, pour ce qui est de l’assertion de Welcker, qu’il n’est pas sûr que le phallus ait été en principe l’attribut de tout hermès[3], peu importe, puisque, en fût-il ainsi, le fils de Maïa, personnification du renouveau à l’approche duquel on célébrait les Lupercales que nous caractériserons plus loin, Hermès n’en demeure pas moins le personnage phallique par excellence. Il se rattache par sa mère aux Océanides, les déesses, c’est-à-dire les fonctions des eaux créatrices de l’Océan. Alles ist aus dem Wasser entsprungen, et cette idée philosophique, déjà émise par Homère, c’est Hermès qui l’a personnifiée chez les Grecs, comme Osiris chez les Égyptiens[4]. Aussi, et c’est un fait qu’on ne saurait contester, le bouc a-t-il de tout temps accompagné ce dieu ; or, le bouc est l’équivalent du phallus[5]. Dans une occasion solennelle, l’oracle romain lui en adjuge le rôle. « Ô prodige ! on entend la déesse parler ainsi dans les cimes agitées de la forêt : Italidas matres sacer hircus

  1. Schoebel, Le Buddha et le Buddhisme, p. 172 sqq.
  2. Athénée, Banquet, etc., V.
  3. Welcker, Gr. Götterlehre, II, 526.
  4. Ilias, XIV, 246. — « Osiris figure l’élément de l’eau. » (Brugsch, Hist. d’Égypte, p. 22, 2e édit.)
  5. Preller, Röm. myth., p. 345.