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cuncta gignunt, inque lucem dant[1] ; L’importance capitale qu’elle eut pour l’homme des premiers âges, comme pour l’homme primitif de tous les temps[2], se reflète encore dans celui de nos usages qui consiste à s’aborder entre amis et même entre indifférents avec le souhait de « bon jour » (bona dies). C’est comme si on se souhaitait « le bon Dieu ». Et, en effet, le jour où les chrétiens reçoivent  « le bon Dieu » est dit « le bon jour[3] », et chez les peuples germaniques il porte même le nom de soleil, de soleil levant, Ostern, d’Ostarâ, qui est étymologiquement identique à aurora. Par métaphore, Dieu aussi est appelé « soleil » ; Philon d’Alexandrie l’avait déjà remarqué, et l’Église a imité l’Écriture[4]. La lumière et son agent principal, le soleil[5], l’œil de

  1. Diodori Siculi lib. I, 7. Le mot est d’Euripide.
  2. Un Vedda, autochthone de Ceylan, interrogé sur son dieu par un missionnaire, répondit : « Tous les jours je vois le soleil qui se lève et le soleil qui se couche ; voilà tout ce que je sais. > (Graul, Reise in Ostindien, III, 24.)
  3. Bonnetty, Croyances et traditions populaires de la haute Provence, dans les Annal. de phil. chrét., juin 1875, p. 468.
  4. Voir les Grandes Antiennes du 20 décembre. Cf. Gen., XXVIII, 11 : ὁ ἥλιος ; Psalm. xxvi}, 1 : Κύριος φωτισμός. — V. Siegfried, Philo von Alexandria, p. 186. De même dans le poème anglo-saxon de Cynevulf, le Christ est appelé sunnan leoma, la vraie lumière solaire.
  5. La lune participe aux honneurs rendus au soleil, mais dans notre race pas autant qu’on le croit en disant que le dieu suprême du culte védique, Soma, était la lune. Cela n’est pas exact. Soma était avant tout le dieu qui présidait au sacrifice. Mais cette réserve faite, il es certain que partout, et principalement dans les pays chauds, la lune a été dès le principe fort considérée. Cela devait être, car son éclat dans ces pays y rend parfois la nuit tageshell, et on y éprouve ses coups comme des coups de soleil. Il en est déjà question dans la Bible : Sol uret te, luna (uret te) (Psalm. cxxi, 6), et Graul le constate dans