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adero[1]. « À la tête de tout, les dieux : devâ agre[2] » ; ç’a été aussi et c’est encore le sentiment des Indiens, et cela nous explique pourquoi dans l’Inde le représentant des dieux, le brahmane, non seulement assiste à la consommation du mariage, mais qu’il en règle même les mouvements[3]. Les jésuites n’en faisaient-ils pas ainsi au Paraguay ? De telles mœurs assurément ne sauraient convenir à la civilisation actuelle ; néanmoins, comme Montaigne, à la demande qu’il s’adresse : « Qu’a faict l’action génitale aux hommes, si naturelle, si nécessaire et si juste, pour n’en oser parler sans vergogne[4] ? » nous restons perplexes et nous ne savons que répondre. Du reste, les anciens, tout comme nous, entouraient de mystère et cachaient dans l’ombre[5] un acte que la nature nous commande comme le boire et manger, qu’elle nous impose sous peine de mort, sous peine de faire périr les familles d’abord, puis enfin l’humanité même. Cela étant, il y a certainement lieu de dire, en voyant la honte dont est couvert le commerce sexuel, qu’il doit y avoir là du plus ou du moins. On ne peut pas attribuer un sentiment aussi profond que général à l’hypocrisie, bien que la disposition à ce vice soit, après celle de la peur, le caractère

  1. Virg., Æneidos, IV, 125.
  2. Atharva-Véda-Sanhita, XIV, 2, 32.
  3. Kauçikasûtra, II, 47 : Sacerdos virum penem introducere jubet ; puis, au commandement ihe, mâv Indra, nous voici, ô Indra ! Trih samnudati (ter compulsat). (Cf. Weber, Ind. stud., V, 401, 404. — E. Haas, Die Heirathsgebräuche der alten Inder nach den Grihyasûtra, ib., p. 278 sq.)
  4. Essays, III, 5.
  5. et nocte tegentur opaca, speluncam Dido, dux. (Æneid., IV, 123.)