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Victoria Niyanza, dans l’Ouganda et ailleurs, ne doivent pas même laisser entrevoir un seul instant leurs jambes nues, et que les ânes même y portent des caleçons ou culottes (trousers), le laisser-aller excessif des femmes n’y scandalise personne[1]. Les jeunes filles, dans une nudité complète, in a state of absolute nudity, à l’âge de puberté, s’exposaient, dit Speke, hardiment à nos regards, sans la moindre arrière-pensée du mal. Ainsi, chez les Égyptiens, Isis est habituellement toute nue, mais Osiris porte toujours le pagne nommée schenti.

Schweinfurth remarque que le langage et les gestes des Bongo[2], qui habitent sous le 7e degré latitude nord, sont fort souvent de telle nature qu’ils feraient « baisser les yeux à nos harangères et rougir jusqu’aux oreilles le sapeur… » Quant aux Bongo, ils ne se doutent seulement pas des énormités qu’ils commettent. Rappelons aussi ce que le grand navigateur Cook rapporte des Taïtiens de son temps. « Ce peuple, dit-il, n’a aucune idée de l’indécence, et il satisfait en public ses désirs et ses passions avec aussi peu de scrupule que nous apaisons notre faim en mangeant avec nos parents et nos amis. Les deux sexes y parlent de tout sans retenue et dans les termes les plus simples[3] ». Cela est toujours vrai de beaucoup de peuples. Voici par exemple ce que remarque un missionnaire des Dayaks indépendants de Bornéo : « Entre les jeunes personnes des deux sexes, pas l’ombre de retenue. Les plus complètes familiarités amoureuses sont échangées

  1. Speke, l. c., p. 169, 207, 261, 320, tr. fr. ; 194, 237, éd. angl. Cf. Barth, Voyage en Afrique, II, 475.
  2. Schweinfurth, Im Herzen von Afrika, I, 384 sq.
  3. V. Bibliothèque des voyages, V, p. 253.