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le seul[1]. La République romaine aussi souffrit de ce vice ; Caïus Gracchus, dans une occasion solennelle, en fit la censure publique[2]. Qu,’on lise au surplus l’ouvrage de Valère Maxime : De la Chasteté et de la Volupté. Mais qu’est-ce à dire ? Voudrait-on par hasard accabler l’antiquité sous le blâme d’un vice que la société moderne, à en juger par les débats officiels que publient nos gazettes des tribunaux, est loin de pouvoir ranger parmi les crimes qui se commettent rarement ? Le christianisme, tout en réformant la société, mais frappé lui-même d’un germe morbide originel comme toutes les autres religions[3], sauf celle de la pure et simple morale, le christianisme assiste impuissant à la continuation d’une infinité de superstitions, et n’a encore extirpé dans aucun temps ni parmi n’importe quel peuple la pratique des mœurs les plus détestables. Tout au plus, l’état des mœurs publiques oblige-t-il aujourd’hui le vice de se cacher, ce qui était le cas aussi dans les bonnes époques de la Grèce et de Rome.

Mais laissons ce sujet, et remarquons que quant aux artistes et aux poètes de l’antiquité, il est vrai qu’ils étaient autorisés à se mettre, dans leurs œuvres lyriques, dramatiques et plastiques, au-dessus de la pudeur et de la cri-

  1. V. Xénophon, La Républ. de Sparte, II. Suivant Élien et Athénée, ce seraient les Crétois, le peuple vicieux par excellence, qui auraient perverti en Grèce l’amour licite des Érastes, φιλία ἐρωτική. (Ælian., De natura animalium, IV, 1 ; Variæ historiæ, III, 9.)
  2. Plutarch., Caïus Gracchus, VI.
  3. « Tout en ce monde naît moribond, » a dit le poète. Et les langues latines confirment sa sentence par le mot « déicide. » Paul Chenavard a illustré le sentiment général par cet admirable tableau philosophique : Comment les religions s’en vont, qui est conservé au Luxembourg.